GVC - Mengzhi Zheng 63 images Created 14 Jun 2015
A l’heure où il faudrait passer la machine critique et curatoriale en mode communication pour annoncer l’exposition solo de Mengzhi Zheng à l’Espace Verney-Carron, l’image des immeubles en ruine de Katmandou donne un tour féroce à ses œuvres.
New Scale, qui signifie littéralement nouvelle échelle, est construit sur un ensemble de recherches portées par le tout jeune artiste sur des espaces ou des situations bâties considérés comme inframinces, précaires ou transitoires. Au cours de ces dernières années, Mengzhi Zheng a développé un lexique para-architectural pour nommer des formes qui donnent inlassablement rendez-vous à l’absence: ses « espaces non-habités », « inarchitectures », « photographies mentales », « espaces non-fonctionnels » et « traversées sensorielles » sont les contreparties d’un monde urbanisé à plusieurs vitesses, qui voit d’un côté émerger des villes toujours plus brillantes, établies sur plan et connectées, et de l’autre des villes organiques dont les devenirs sont écrits dans l’urgence de ceux qui les vivent et qui sont trop souvent les premières à tomber.
Ainsi de l’esthétique des Maquettes abandonnées, dont on dirait que la mer a charrié les dessins au hasard comme elle le fait ailleurs des amas de déchets qu’on retrouve sur la plage. A l’échelle de ces radeaux d’infortunes, un souffle serait comme une tornade. Et pourtant se dégage de cette périlleuse légèreté toute la magie du geste de Zheng, qui monte ces formes en mikado avec une certaine poésie. Cette fragilité faite forme se déploie dans l’espace jusque dans la poche des visiteurs. Le carton de l’exposition est le patron d’une sculpture-cabane ajourée, qui permet de juger de l’adéquation entre le plan, sa maquette et son exécution. Le dessin des lignes posées sur le papier se retrouve assemblée en arrêtes au centre de l’espace et ailleurs, en plus petite taille, simplement déposé sur une table. On y projette vite fait bien fait les images inconscientes d’enfants qui jouent à construire des royaumes merveilleux, de bâtisseurs publics qui conditionnent l’avenir de millions d’anonymes en quelques coups de crayons, de promoteurs privés qui charment les privilégiés sur plans pour leur vendre villas et appartement, de migrants entassés à nos périphéries ou bien de réfugiés qui ont vu leur maison balayé par les eaux, de mauvais vents ou violents tremblements.
New Scale, qui devait augurer l’Espace Verney-Carron une forme de simplicité et de mobilité, se transmue il est vrai en exercice de relativité. L’Espace, qui a hérité de la vision de Georges Verney-Carron en faveur d’une esthétique et d’une éthique urbaine, constate à travers l’œuvre de Mengzhi Zheng combien ses engagements sont d’actualité et doivent se porter plus avant, à tous les niveaux — sociaux, politiques, économiques, culturels et environnementaux — de la chose publique.
New Scale, qui signifie littéralement nouvelle échelle, est construit sur un ensemble de recherches portées par le tout jeune artiste sur des espaces ou des situations bâties considérés comme inframinces, précaires ou transitoires. Au cours de ces dernières années, Mengzhi Zheng a développé un lexique para-architectural pour nommer des formes qui donnent inlassablement rendez-vous à l’absence: ses « espaces non-habités », « inarchitectures », « photographies mentales », « espaces non-fonctionnels » et « traversées sensorielles » sont les contreparties d’un monde urbanisé à plusieurs vitesses, qui voit d’un côté émerger des villes toujours plus brillantes, établies sur plan et connectées, et de l’autre des villes organiques dont les devenirs sont écrits dans l’urgence de ceux qui les vivent et qui sont trop souvent les premières à tomber.
Ainsi de l’esthétique des Maquettes abandonnées, dont on dirait que la mer a charrié les dessins au hasard comme elle le fait ailleurs des amas de déchets qu’on retrouve sur la plage. A l’échelle de ces radeaux d’infortunes, un souffle serait comme une tornade. Et pourtant se dégage de cette périlleuse légèreté toute la magie du geste de Zheng, qui monte ces formes en mikado avec une certaine poésie. Cette fragilité faite forme se déploie dans l’espace jusque dans la poche des visiteurs. Le carton de l’exposition est le patron d’une sculpture-cabane ajourée, qui permet de juger de l’adéquation entre le plan, sa maquette et son exécution. Le dessin des lignes posées sur le papier se retrouve assemblée en arrêtes au centre de l’espace et ailleurs, en plus petite taille, simplement déposé sur une table. On y projette vite fait bien fait les images inconscientes d’enfants qui jouent à construire des royaumes merveilleux, de bâtisseurs publics qui conditionnent l’avenir de millions d’anonymes en quelques coups de crayons, de promoteurs privés qui charment les privilégiés sur plans pour leur vendre villas et appartement, de migrants entassés à nos périphéries ou bien de réfugiés qui ont vu leur maison balayé par les eaux, de mauvais vents ou violents tremblements.
New Scale, qui devait augurer l’Espace Verney-Carron une forme de simplicité et de mobilité, se transmue il est vrai en exercice de relativité. L’Espace, qui a hérité de la vision de Georges Verney-Carron en faveur d’une esthétique et d’une éthique urbaine, constate à travers l’œuvre de Mengzhi Zheng combien ses engagements sont d’actualité et doivent se porter plus avant, à tous les niveaux — sociaux, politiques, économiques, culturels et environnementaux — de la chose publique.